David Demers fier sa canne à la main, en face des anciens bureaux d'INCA.

L'exemple de David Demers

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Arrivée à la tête d’INCA Québec à l’été 2017, non seulement David Demers a-t-il un bagage de compétences impressionnant, il vit personnellement avec une perte de vision.

 

M. Demers a perdu la vue juste avant de franchir le cap de la trentaine, alors que sa carrière avait le vent dans les voiles. Un matin, en se rendant au travail, sa vision s’est soudainement embrouillée, pour ensuite dégénérer très rapidement. « Je ne vois presque plus les couleurs et je n’ai pas de vision centrale. Je distingue des ombres et des formes sur les côtés, je ne reconnais cependant pas les visages et ne peux pas lire les imprimés », décrit David qui croit qu’on n’est jamais préparé à la perte de vision.

 

Un modèle de persévérance

 

Photographe commercial, il ne pouvait plus pratiquer sa profession. « Je ne m’y attendais pas! », avoue-t-il. « J’avais mon emploi, je donnais des cours de photo, j’étais sur le point de devenir copropriétaire d’un resto et d’un coup j’ai tout perdu! Ça a été une grosse épreuve ; la perte de ma vision a affecté toutes les sphères de ma vie. J’ai dû prendre le temps de m’adapter à ma nouvelle situation." David ne s’est pas laissé abattre pour autant. Fonceur, il a décidé de relever les défis! Il a suivi les formations en technologies adaptées d’INCA, appris à se déplacer dans le métro et est retourné aux études en allant étudier en Affaires publiques et communautaires à l’université. Il a d’ailleurs été nommé major de sa promotion.

Chaque début de session David se présentait devant la classe pour décrire sa vision et ses besoins, ce qui lui a permis de recevoir le soutien des étudiants et des professeurs. Une fois cependant, un professeur lui ayant accordé une extension de temps pour un examen pour lequel David a eu la meilleure note lui avait lancé « Je n’aurais pas dû te donner d’extension! » « Ce sont mes yeux que j’ai perdus ; pas mon cerveau! » aurait aimé lui répondre David qui s'est mérité la bourse de la Faculté des Arts et des Sciences et a été nommé major de sa promotion, la plus haute reconnaissance qu’un étudiant peut rêver recevoir à sa remise de diplôme.

« J’étais fâché de voir que mes perspectives d’avenir s’amenuisaient soudainement après avoir perdu la vision. Sachant que seulement 30 % des personnes aveugles réussissent à trouver un emploi, je me posais beaucoup de questions face à mon futur et ma carrière. Je voulais continuer de contribuer à la société », relate David. « J’ai donc choisi de foncer et de surpasser les attentes. Je désirais prouver au monde que j’étais capable de faire plus, montrer que même avec une déficience visuelle, il est encore possible de se dépasser et d’apporter sa contribution. »

Ce qu’il a réussi! Sa récente nomination chez INCA est un exemple inspirant pour les personnes vivant avec une perte de vision.

David se considère comme privilégié, puisqu’il a commencé à travailler en sortant de l’Université, malgré toutes les histoires d’horreur qu’il avait entendues de diplômés qui ne trouvaient rien en raison de leur perte de vision. Pour obtenir son emploi, il n’a pas hésité à appeler le directeur d’eSight pour lui dire qu’il rêvait de travailler pour sa compagnie: une entreprise qui développe des lunettes électroniques pour les personnes ayant une basse vision qui ont grandement aidé David dans ses études.

Excellent communicateur, il a représenté la compagnie dans les événements, devant les clients ou auprès des médias. Il connaît très bien le milieu de la déficience visuelle.

 

Ses conseils

 

« J’ai décidé de faire de la perte de vision ma spécialité », explique celui qui considère s’être aidé en choisissant de travailler dans le monde de la basse vision. David est conscient que le monde du travail demeure dominé par des préjugés envers les personnes vivant avec une perte de vision. La question se pose: aurait-ce été aussi facile pour lui de trouver un emploi ailleurs? « Même pas 40 % des personnes aveugles travaillent, c’est encore moins que les autres handicaps », rappelle celui qui ne comprend pas pourquoi la déficience visuelle est si stigmatisée.

Pour David, « faire du réseautage est la meilleure façon de se trouver un emploi! » Il ajoute qu’il ne faut pas avoir peur de souligner nos réussites. « Si votre employeur potentiel veut juste parler de votre problème visuel, vous ne devez pas hésiter à mettre l’emphase sur vos compétences », conseille-t-il.

Il met d’ailleurs les employeurs au défi: « Ouvrez vos horizons, vous ne serez pas déçus! Vous allez vite vous rendre compte que nous sommes des personnes compétentes, travaillantes, fières d’avoir un emploi et loyales! »