information

Pour un contenu pertinent pour votre communauté en Ontario, veuillez sélectionner votre région

Faites la rencontre de Bernard : ambassadeur et défenseur des droits d’INCA

Par Bernard Akuoko

Quand j'étais jeune, on me disait constamment que je devais travailler plus fort que les autres. Je n'ai jamais vraiment compris cette notion. Aujourd’hui, c'est plus clair pour moi. En tant qu'homme noir, j’ai été confronté à des stéréotypes négatifs. En plus de ces stéréotypes, le fait de présenter une déficience visuelle exacerbe ces idées fausses

Je m'appelle Bernard, et je suis un Afro-Canadien né de parents d’origine ghanéenne. À l'âge de deux ans, on a découvert que j’étais atteint de rétinite pigmentaire (RP) - une maladie oculaire qui provoque une perte progressive de la vision. 

Alors que je fréquentais l'université dans une petite ville, j'ai été exposé à une certaine discrimination et à des préjugés. Il y a eu des occasions où des citoyens m’ont profilé, et des policiers m'ont interpellé parce que j'avais l'air suspect. Une fois, je faisais des courses et je fouillais attentivement du regard l'allée à la recherche d'un produit et j'ai été instantanément accusé de vol. Parfois, j'ai l'impression que lorsque les gens sont issus d'une petite communauté, ils craignent involontairement les différences et ne comprennent pas bien les autres cultures.

Vêtu d'un jean et d'une chemise bleue, Bernard prend une pose de boxeur. Ses poings sont près de sa poitrine, prêts à frapper. Derrière lui se trouve un paysage d'arbres pleureurs verdoyants.
Bernard Akuoko

Je n'ai jamais laissé mon problème de vision m'empêcher d'être qui je voulais. Au début de la RP, je pratiquais des sports comme le basketball, le football, la lutte et l'athlétisme. En ce qui concerne mes études, j'étais déterminé à réussir. J'ai obtenu mon diplôme de travailleur social au Sheridan College, j'ai suivi un cours de formation continue à l'Université Ryerson et j'ai finalement obtenu ma licence en travail social de l'Université Laurentienne. J'étais le seul homme noir de ma promotion à l'Université Laurentienne. 

Après avoir décroché mon diplôme, je me suis donné pour objectif de me trouver un emploi et d’agir concrètement. J'ai occupé un poste de mentor au YMCA, où j'ai eu la possibilité d'aider les personnes en situation de handicap à trouver un emploi. 

J'ai dû faire face à quelques revers personnels et professionnels. En raison de coupes budgétaires, j'ai été licencié, puis une maladie aurait pu mettre ma santé en péril. À ce moment-là, alors que tout semblait sans issue, j'ai obtenu un emploi formidable à l'école W. Ross MacDonald en tant que conseiller en établissement.

Je ne laisserai jamais la perte de vision me définir. Je crois qu’il faut aller au bout de ses passions. 

Aujourd'hui, je continue à travailler à W. Ross MacDonald et je participe à d'autres activités communautaires. Je suis membre de la Coalition des travailleurs racialisés, ambassadeur d'INCA, ambassadeur de Vaincre la cécité Canada (VCC), jeune leader de VCC, conférencier et animateur d'un groupe d’entraide pour les personnes ayant une perte de vision. Je continue également à faire de la musculation, de la boxe, de la course, et à écrire et à composer de la musique hip-hop. 

Parfois, on a l'impression de devoir renoncer à son identité culturelle pour composer avec une déficience visuelle. 

Toute ma vie, j'ai eu l'impression que je devais cacher ma perte de vision parce que je me sentais moins comme un homme noir. Ma culture ouest-africaine ne m'a pas enseigné ce qu’était une situation de handicap. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui me ressemblait. Je suis convaincu que c'est une question sur laquelle il faudrait éventuellement se pencher. Personne ne devrait avoir l'impression que sa situation de handicap est un tabou en raison de sa race, de son ethnie ou de sa culture. J'aimerai et apprécierai toujours mon héritage ghanéen, la couleur de ma peau, mes réalisations, le fait que j’ai une vue partielle et ma communauté noire. 

J'espère être un modèle pour les autres afin qu'ils puissent eux aussi être fiers de qui ils sont.